J'observe le mouvements des indignés de France depuis quelques jours : Ces jeunes qui se sont regroupés sur les réseaux sociaux comme facebook ou twitter, mais également sur les places des grandes villes françaises, afin de soutenir les indignados espagnols, mais également pour porter leur propre indignation face à la précarité qui les touche de plein fouet.
J'observe, et cette observation entraine dans mon petit crâne de quadra moultes reflexions.
Tout d'abord un regret...regret que cette indignation ait eu besoin de l'aiguillon espagnol pour naitre, alors qu'il eut été beaucoup plus fructueux de profiter de l'indignation des ainés massés par millions dans les rues françaises à l'occasion de la réforme des retraites. Pourquoi n'avoir pas saisi l'occasion de ce mouvement social, où l'indignation était forte, la mobilisation importante, pour s'indigner de façon plus globale de la pauvreté en France, du racisme, et autres faits révoltants ?
D'autre part, quelques remarques...Lors de ces manifestations contre la reforme des retraites, une erreur de stratégie a été faite , à mon sens, s'entêter à manifester jusqu'à la fin dans chaque ville de France, alors qu'un regroupement à la " capitale " eut été, peut-être, plus efficace, plus marquant. Les indignés de france ont-ils interet à reproduire ce type d'action, chacun dans son coin, dans les grandes villes de france, ne seraient-ils pas mieux entendus, en formant un cortège unique et pacifique, à paris ?
De plus, je note quelques points qui pourraient être un obstacle à ce que les plus " vieux" rejoignent ce mouvement d'indignation, légitime :
Qui, quel parti, ou mouvement, représentera, d'un point de vue juridique les indignés de France ? Je pose cette question car je reste persuadée qu'il est nécessaire d'avoir des représentants, des personnes désignées pour porter les revendications...
D'ailleurs quelles sont ces revendications, au delà d'un boulot, d'un toit, d'un meilleur salaire, etc...que demandent les indignés ? Veulent-ils virer de façon définitive les élus actuels, afin de renouveler le cheptel de ceux qui décident pour nous ? Provoquer des élections anticipées ? Changer de constitution, de république ?
Des questions essentielles : c'est génial de vouloir le changement, mais changer pour quoi ? Pour quel modèle de société ? Un préalable me semble-t-il à toute mobilisation dans la rue.
Le handicap majeur des ces mouvements d'indignés européens réside dans le fait que nous sommes censés vivre dans des démocraties : paradoxal n'est-ce pas ?
Ben oui, vu que nous sommes en démocratie, que nos représentants sont élus par le peuple ( si on oublie le fort taux d'abstention aux élections ces dernières années...), ces élus se planquent derrière leur légitimité acquise par les urnes, drôle, non ?
Non...parce que du coup lorsque les pays arabes se soulèvent, on nous explique que c'est normal parce qu'eux ne vivent pas en démocratie, et que c'est bien pour ça que les dictateurs leurs envoient l'armée pour leur taper dessus, tandis que nous, en France, nous sommes en démocratie, on a pas de raisons de râler, et si on se regroupe pour râler sur des places, les évacuations ne se font pas via l'armée...les démocrates sont malins, chez eux on a créé des corps de forces de l'ordre exprès pour les manifs, émeutes et révoltes : ça a le gout de l'armée, mais le papier d'emballage est différent, histoire de faire passer la pilule plus facilement...
Pour résumer, en démocratie tu ne peux pas faire la révolution, quelle soit french, spanish, grecque, ou même européenne, on s'en fout, parce que tu ne peux pas logiquement demander la démocratie là où tu es censé déjà l'avoir ! Je sais je suis pas drôle, là...
voilà ce que le peuple a gagné à baisser la garde face à la démocratie, couché sur ce petit matelas si confortable, garni de l'illusion de décider si besoin, mais cette necessité a toujours été là, seulement combien ont déserté les urnes, se désintéressant de la chose politique ( " oh, moi, la politique ça m'interesse pas, j'y comprends rien..." ), désertant les syndicats les laissant exsangues ( "oh les syndicats ca sert à rien..." ), désertant la cause commune pour se replier sur ses propres préoccupations, des propres besoins, sa propre petite vie...
Alors je dis oui, cool, chouette la #frenchrévolution mais quid des revendications, quid de ses représentants, parce que je crains que Mme démocratie et ses petits soldats utilisent toutes ses griffes pour leur sauter à la gorge, je leur conseillerai donc, d'interpeller les partis de l'opposition, de les jeter faces à leur responsabilités, de déposer à leurs pieds leurs revendications, leurs exigences, maintenant.
Comment ? En utilisant une arme pacifique, celle de la négociation qui réside dans un postulat de base : si vous n'êtes pas capables en tant qu'opposition de nous soutenir dans ce désir de changement qui est une urgence pour beaucoup, comment pourriez-vous être capables de porter ce changement une fois élus, en 2012, dans moins d'un an ?!
Enfin ce que j'en dit, moi...je suis rien qu'une blogueuse, de province...
5 commentaires:
Bonjour,
Et c'est peu de dire que les aspirations au changement sont présentes, et légitimes quelques soit la génération...
Voir mon article sur le régime des rétraites : http://sujetsdactu.blogspot.com/2010/11/apres-le-regime-des-retraites-le-regime.html
Et aussi celui-ci : http://sujetsdactu.blogspot.com/2010/10/vers-une-greve-generale.html
Alors oui, espérons que dans une France de plus en plus fliquée (Hadopi, loi (scélérate) Lopssi, etc...) les indignés de France soient entendus pour 2012 et que les changements espérés arrivent...
Petit prurit d'excitation bobo qui n'ira pas bien loin. On est loin de la situation espagnole ...
@ Romain/Varie :
"Prurit d'excitation bobo" ?
Un peu facile à mon avis comme commentaire...Pourrais-tu développer ton argumentaire ? En ce qui me concerne, j'interprète tes propos comme quelqu'un qui se considère comme faire partie de "l'avant garde éclairée" et qui considère que les "masses" sont trop incultes pour prendre leur destin en main...
Mais sans doute que je me trompe ?
Ouaip...
Pas d'accord sur le ton condescendant du commentaire, mais j'ai la même impression, vu les chiffres, voire les oppositions (http://paris.indymedia.org/spip.php?article6079), que la mayonnaise d'indignation prennent autant en France qu'en Espagne.
On est encore dans l'épiphénomène chez nous.
Et il faut avouer que si j'adhère à 100% à l'esprit qui semble remuer les indignés espagnols (http://gauchedecombat.wordpress.com/2011/05/24/le-manifeste-des-indignes-espagnols-en-version-originale-faites-tourner-faites-tourner/), j'ai la même conviction que... c'est à nous d'exprimer la démocratie.
Par contre, pour ce qui est de croire aux 'urnes', expression traditionnelle, et légitimisante de notre actuelle démocratie, y'a un réel besoin de changement, et les indignés espagnols ont appelé à une constituante...
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110529.OBS4145/les-indignes-espagnols-vont-decider-de-la-suite-du-mouvement.html
" Aujourd'hui, la démocratie représentative - on élit quelqu'un et on lui donne carte blanche pendant cinq ans - ca ne marche plus", a noté Alain Juppé"
Lucide!
et maintenant,
qu'est-ce qu'on fait,
avec qui,
et pourquoi ?
PS : moi, des concepts comme le Dividende universelle (revenu de base + création monétaire rendue aux citoyens), les monnaies alternatives, voire l'idée de Paul Jorion d'interdire les prix sur les fluctuations de prix, je prends tout ce que je trouve intéressant, et je fais tourner !
Faites de même ! :)
Rapidement, il y a des "Indignés" en province, faut pas complexer parce que tu blogues de là.
Sinon, la revendication européenne est pour une démocratie "réelle". Tu trouves de la doc sur google en faisant "démocratie réelle maintenant".
L'idée est que la démocratie représentative est en panne.
Dans le mouvement des indignés (espagnols, et tel qu'il est adapté à Paris où je participe), une des bases est de faire de la démocratie de consensus. C'est à dire, pas du consensus mou, mais un processus où tu t'impliques dans la décision un peu plus qu'une fois par vote. Je t'explique pas, ça prendrait trop de place, mais en gros c'est basé sur une nuanciation du vote ("je vote pour", "je vote pas parce que je veux que la décision soit prise même si je suis pas d'accord" et "je pose un véto - auquel cas j'ai une alternative à proposer ou soutenir".
Les revendications émergent peu à peu de ça, respect de la personne et de l'environnement, refus de la notion artificielle de "dette" telle qu'elle est, contrôle sur les institutions illégitimes qui prennent des décisions centrales pour nos vies quotidiennes (exemple, le pacte pour l'Euro qui sera voté demain, voir le texte economistes Atterrés/Attac : http://atterres.org/?q=p%C3%A9tition-europ%C3%A9enne-attac-gouvernance-%C3%A9conomique)...
Au plaisir.
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