22/04/2010

Une étincelle entre nous


Comme je suis d'humeur paresseuse, que l'actualité ne m'inspire rien ce matin, j'ai décidé d'un commun accord avec mon comité de lecture ( mon moi, mon ça et mon surmoi réunis en assemblée plénière ) de publier une petite histoire écrite de mes doigts jolis, pour un recueil de nouvelles de mon cru.

Afin de pimenter cette histoire, les lecteurs avertis peuvent imaginer dans les différents rôles Lolobobo et moi-même ( après tout si ça peut les amuser ! )...

Au commencement était le besoin, celui de manger, d'avoir chaud et de survivre. Et l'homme inventa la femme : Elle cuisina pour lui en dépiautant les morceaux de viandes qu'il avait ramenés de la chasse et en lui proposant les baies qu'elle avait cueillies dans la journée ; elle le réchauffa de son corps tandis que lui, s'essoufflant derrière elle, lui assurait avoir inventé l'amour…

Elle lui donna des enfants qui servaient utilement de diversion face aux bêtes féroces, tandis que lui, parlait de descendance, d'avenir : Mais qu'est-ce que l'avenir lorsque l'on ne sait rien de son passé, pas grand chose de son présent et que l'on cherche en vain la raison de son existence sur terre.

Oh Bien sûr , vous pensez qu'un homme, et encore moins une femme préhistorique ne pouvait se poser de telles questions, mais qui sommes nous pour les juger ? Serions nous capables de survivre dans les conditions qui étaient les leurs alors que nous avons grand peine à supporter une semaine de grève de la SNCF ?

Mais retournons auprès d'eux voir ce qu'ils ont fait qui changea le cours de l'histoire :

Il se grattait le bas du dos…Non, en fait je mens , il se grattait le cul car disons le tout net un homme préhistorique avait le droit de se gratter le cul sans que cela soit un drame, bref, tandis qu'il se gratouillait voluptueusement, il regardait le lointain. Ils avaient découvert un abris dans une grotte, en haut d'une falaise. La vue était splendide, ce qui est appréciable lorsque l'on a pas de télévision ( dans le cas contraire on a plus qu'à se jeter du haut de la dite falaise…). Néanmoins l'altitude avait un inconvénient, lorsque l'on oubliait de chasser son repas, on était obligé de redescendre, et là immanquablement l'homme criait : " Pourquoi c'est toujours moi qui y vais ? "

Les bêtes sauvages ne pouvaient grimper jusqu'à leur grotte, ils pouvaient donc passer une nuit paisible, si on excepte, les ronflements incessants du chasseur qui avait selon ses dires un problème de sinus… La femme n'ayant pas d'oreiller pour y enfouir ses oreilles, supportait le vacarme de son compagnon tout en réfléchissant au moyen de le faire taire.

Comme la femme n'avait pas de miroir, le matin elle ne pouvait voir l'état lamentable de sa coiffure, qui ressemblait plus à un vieux tapis en poils de chèvres qu'à une chevelure ayant subis les traitements capillaires que nous connaissons. Elle était donc en général de bonne humeur à ce moment précis mais, car il y a un mais, cela ne durait guère, elle avait froid, avait mal au dos ( essayez de dormir à même le sol vous comprendrez pourquoi ! ) et elle avait faim. Ses enfants hurlaient car ils étaient dans le même état qu'elle. Ce joyeux tintamarre n'attirait pas l'attention de l'homme qui se grattant le cul, se demandait ce qu'il pourrait bien inventer aujourd'hui.

Il avait inventé la cuisine, l'amour, l'avenir, que manquait-il à son bonheur ? Comment aurait-il pu se douter que le bonheur était hors de sa portée ! Imaginez messieurs : pas de télévision donc pas de retransmission des matchs de coupe d'Europe, pas de cigarettes, pas de bières, pas de voiture, pas de silicone ( je m'égare…) Bref, ses besoins étant ce qu'ils étaient, le bonheur était une notion très vague comme un tiraillement au creux de l'estomac, la vague impression qu'il lui manquait quelque chose sans savoir quoi. Voilà dans quel état était notre ancêtre tandis qu'il se grattait le trou du cul !

Et sa femme ? Elle se démenait avec les enfants qui miaulaient de faim, de froid et autres raisons qu'ont les gosses de miauler, les pauvres, ils ne connaissaient pas encore le père noël, ni les dessins animés de Disney, ni les bonbons plein de produits chimiques, que savaient-ils du bonheur ? Rien de plus que leur père.

La femme savait. Le bonheur était simple comme des enfants calmes et silencieux dans une grotte chaude avec une côte de bestiole grillant sur le feu, mais, mais :

  • Pourquoi tu n'y est pas allé ? cria-t-elle
  • J'avais pas envie…j'étais fatigué…répondit-il sans se retourner.
  • Oh fatigué ? Et de quoi ? De te gratter le cul en regardant je ne sais quoi par là…
  • Et la chasse ? Hein ?
  • Ben heureusement que t'y vas encore à la chasse ou bien à quoi tu servirais dans cette grotte on se le demande !
  • Et l'amour que j'ai inventé ?
  • J'aurai du rester avec l'autre poilu, lui il a pas inventé un truc qui existait déjà…
  • L'amour existait déjà ? pfftt!! N'importe quoi ! J'te dis que c'est moi qui l'ai inventé d'ailleurs, y'en a plein qui m'ont piqué mon idée, et leur femmes ont pas l'air de dire que ça existait déjà…
  • P't'être bien que leurs femmes, elles sont au chaud dans leurs grottes, et quand on a chaud on veut bien essayer des nouvelles inventions !
  • T'as qu'à y aller avec le poilu, j'm'en fous d'abord !
  • T'es un orgueilleux ! Comme c'est pas toi qu'a inventé ce truc qui chauffe et ben t'es jaloux, alors tu dis partout que t'as inventé l'amour et l'avenir et toutes ces conneries mais en vrai, t'as rien inventé d'autre que la bêtise !

Il lui lança un regard noir, allait-il inventer le crime passionnel ? Non. Il avait besoin d'elle pour l'invention de la cuisine.

  • Bon, ok, je vais aller voir ton poilu qui m'apprenne son invention qui chauffe…
  • Le feu qui l'appelle son invention !
  • Ouais le feu… Mais dis que mon invention de l'amour c'est moi qui y ai pensé !
  • Oui c'est toi le génial inventeur de l'amour…
  • Et de l'avenir aussi…
  • De l'avenir aussi…soupira-t-elle.
  • Et de la cuisine…
  • Bon là pousse pas le mammouth trop loin, hein ?

Et ainsi l'homme descendit de sa falaise à la recherche du poilu qui détenait le secret du feu. La femme s'installa devant la grotte en regardant l'horizon se disant, tandis que les enfants dormaient, quelle venait d'inventer la diplomatie, ou bien la manipulation ou même le pouvoir…


crédit photo : http://www.flickr.com

1 commentaire:

lbo a dit…

moi j'aime bien cette histoire,attend un peu que je le trouve l'autre poilu, je m'en vais y dire deux mots...