20/01/2016

indignation contre la déchéance de nationalité


Dans la panoplie d'arguments des batavophiles et autres Vallscout boys, pour défendre le projet de déchéance de nationalité des binationaux, il y a les fameux sondages.
Des sondages donnant en moyenne 90 % des français favorables à la déchéance ( oui 100 % cela eut paru un peu trop énorme, faut pas exagérer non plus)
Des sondages dont certains vont jusqu'à affirmer qu'ils représentent la voix du peuple, donc de la démocratie, et que de toute évidence, les opposants  à la déchéances de nationalité, en plus de pouvoir être suspectés d'avoir basculé dans le côté sombre de la force ( comprenez anti-hollande et valls), peuvent être taxés d'être non démocrates.

Rappelons à ces immenses démocrates, que d'une part un sondage n'est pas une élection et ne représente que l'avis d'un échantillon de français, que d'autre part les instituts de sondages sont dirigés par des personnes qui ont leurs propres intérêts à manipuler l'opinion publique, enfin l'opinion des gens qui croient aux sondages.

Là où je me gausse, vraiment, c'est que les mêmes restent désespérément muets sur leurs blogs ou réseaux, lorsque les sondages contredisent leur belle vision de la voix du peuple.
Par exemple, aujourd'hui nous pouvons lire que 69 % des français sont favorables à l'indignité nationale, plutôt que la déchéance de nationalité, si on leur donne le choix...ce qui signifierait que Valls devrait redescendre de son bourricot et admettre qu'il fait fausse route ( et là, avec un tel égo, c'est pas gagné)

Le français veut punir le terroriste, on l'a bien compris. La vindicte populaire n'a jamais fait dans la demi mesure, et il y a fort à parier que même en 2015, au lendemain des attentats, une grande partie des français eut été partante pour empaler des terroristes à leurs fenêtres, plutôt que d'accrocher des drapeaux : à la place, on a jeté en pâture les binationaux en les désignant comme des français à part, tellement à part, qu'ils meritent bien une petite révision constitutionnelle...

Quand faut il écouter la voix du peuple via les sondages, je pose la question à ces grands experts du droit et de la politique ? Quand le peuple des sondés réclame un autre candidat que Hollande en 2017 ? réclame une primaire à gauche ? réclame que Sarkozy ne se représente pas ? quand il préfère l'indignité à la déchéance ?

Au lieu de mener sa politique au gré des sondages et des vestes que l'on se prend aux élections, doit-on plutôt s'en tenir aux principes qui régissent notre société, aux valeurs humanistes et universelles présentes dans les textes des grandes démocraties de ce monde ?

Je ne m'attends pas à une réponse raisonnable, lorsque j'entends de ci de là l'argument selon lequel les anti déchéance de nationalité sont en majorité des intellectuels bobos...parmi eux des spécialistes du droit constitutionnels, avocats, juges, journalistes politiques, philosophes, écrivains...comme si être cultivé, expert dans son domaine d'étude, était devenue une tare... triste monde où réfléchir et s'informer est devenu un crime, une source de suspicion...en même temps, lorsque beaucoup ont comme point de référence, comme horizon de la pensée française, le comptoir de leur boulangère ou celui de leur bistrot, on ne peut que s'attendre qu'à une vision à court terme des conséquences de cette modification de notre constitution...


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Depuis que la 5ème république, son système (si peu) représentatif et les élections marquées par un fort taux d'abstention ont montré leurs limites, beaucoup trop pratiquent en effet la démocratie par les sondages. C'est en effet grotesque. Un enfumage absolu que tu as raison de souligner. De plus, il est important de signaler que la déchéance de nationalité n'est pas réservée aux terroristes mais à tous les opposants à la sûreté de l'état, et notamment aux militants environnementaux,si le texte reste en l'état. C'est inacceptable dans un état de droit.

Moi a dit…

La peur change de camp? On avance, step by step...

kalondour a dit…

c'est vrai, ça...pourquoi s'emm...à aller voter puisque ce sont les sondages qui constituent l'alpha et l'oméga de notre vie politique...
Si le législateur avait tenu compte de l'opinion, jamais la peine de mort n'aurait été abolie en France...de même, le droit à l'avortement n'aurait jamais été reconnu...