01/12/2015

le faciès de la peur

 Milice, état d'urgence, loi renseignement, policiers municipaux armés, et autres policiers autorisés à porter leurs armes hors service...
Étrangement, plus je suis censée être en sécurité et plus je me sens en danger, pourtant je n'ai pas de raison, je ne suis ni une intégriste de la crêpe bretonne, ni une écologiste qui s'enchaine aux tracteurs costarmoricains quand ils balancent du lisier dans leurs champs, je suis pâle comme vampirella, bref, je pourrai me balader au milieu de la cop21, avec un katana dans une main et le fusil du pépé dans l'autre que personne n'oserait me contrôler...la faute à mon air aimable je suppose ou mon air inoffensif de bonne sœur en goguette.

Je me questionne, suis-je la seule, une qui ne risque ni contrôle, ni résidence surveillée, ni une balle malencontreuse dans le dos pour légitime défense qui se sente un petit poil, inquiète par toutes ces mesures sécuritaires ?
Pardon ?
Y a des méchants en France qui en veulent notre peau ?
Certes j'ai noté, tous confondus, jeunes, vieux, politisés ou non, musulmans, noirs, rouquines, riches, pauvres, oui même ceux qui osent mélanger des rayures et des carreaux sont désormais les cibles des intégristes, et comme tout à chacun, j'ai été émue, choquée, révoltée des récents évènements... Toutefois ça fait un bail que ce risque plane au dessus de nos têtes.
Si on considère que nous sommes en plan vigipirate depuis 1995 nous sommes tous conscients de ce danger, d'autant que les groupes terroristes se sont rappelés à notre mauvais souvenirs plus d'une fois.

Depuis 1995 que de victimes...Un long moment qui aurait pu être utilement utilisé pour s'occuper des intégristes fichés S, empêcher les mineurs de quitter le territoire national pour aller s'entrainer chez les vilains barbus ( mais non pas les hipster, suivez un peu...pffff), tiens...on aurait même pu depuis 2012 réouvrir les commissariats de quartiers que le brave Nico avait fermé sous son règne.
La menace, qui nous a engagé un peu plus dans un conflit armé d'envergure, et qui existe sur notre territoire, tout comme le choc de l'attentat du 13 novembre, a permis de mettre en place l'état d'urgence... mais...quelle déception de noter que l'urgence de la menace terroriste sert d'autres objectifs. Les efforts ne se concentrent pas sur les fameux fichés islamistes intégristes, des militants écolos par exemple, ont été perquisitionnés, voire assignés à résidence. Oui l'attaque à coup de carottes bios peut faire des victimes.

Beaucoup de français ont peur... c'est regrettable, comme dit Yoda " La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance." ( j’espère que de citer un maitre religieux, vert, ne va pas m'attirer d'ennuis)

Il est pourtant une réalité que nous ne pouvons ignorer, c'est que cette situation du tout sécuritaire va fatalement entrainer des conséquences, des bavures, des contrôles au faciès...bon okay si vous avez une tête de bretonne, forcement ça vous passe au dessus de la tête, mais je m'imagine que les français qui ont abusé des cabines de bronzage, ou ceux qui ont l'idée incongrue de naitre ailleurs très au Sud de l'Europe, comprennent de quoi je parle.
Un grand blond barbu, avec un large blouson gonflé, un sac à dos bien rempli, sera-t-il contrôlé dans les transports en commun ?
Un groupe inquiétant, dans le Nord, composé d'une blonde l'air agressive qui se baladerait avec des mecs aux crânes rasés, habillés en noir, camouflant de tatouages nazis sous leurs tee shirt " I love la France " serait-il contrôlé ?
J'ai bien PEUR que non....
Et ce qui me terrorise aujourd'hui, c'est que la France s'habitue à cet état d'urgence, que tout le monde finisse par trouver normal qu'untel parce qu'il a une tête un peu trop basanée ou trop barbue se fasse contrôler, suspecter sans raison, voit sa liberté entamée sans que cela ne choque plus le peuple des "je suis Charlie"... Certains français vont payer au quotidien le prix de notre "sécurité" à tous, et ce ne seront pas forcément ceux qui se font exploser dans nos salles de concert.



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