12/11/2010

le servage version anglaise

Le gouvernement britannique a dévoilé un projet qui consisterait à priver un chômeur de son allocation  pendant trois mois s'il refuse une offre, six mois s'il en refuse deux et trois ans s'il écarte trois offres. De plus, les chômeurs pourraient aussi être contraints d'effectuer 30heures hebdomadaires de travail d'intérêt général pendant quatre semaines (jardinage, ramassage de feuilles mortes ou de détritus...) s'ils ne veulent pas perdre leurs allocations...

L'idée du ramassage de feuilles mortes et détritus m'a fait penser immédiatement aux "repris" de justice aux Etats Unis, habillés en salopette orange, armés de piques et de sacs poubelles, que l'on voit le long des routes. Le travail comme punition, comme rachat de ses fautes.
Mais quelles fautes ont pu commettre les chômeurs anglais pour mériter un tel sort ?

Être au chômage c'est déjà une épreuve accompagnée d'angoisse, parfois de repli sur soi, si on a perdu son boulot c'est peut-être qu'on a pas de chance, et puis on commence à imaginer ou à entendre les critiques des autres, les travailleurs, les productifs, les intégrés socialement, ne serait-on pas incompétent, trop vieux, ou même paresseux...

Être au chômage, c'est affronter le regard des autres, leur pitié, leur suspicion lorsque la période sans emploi commence à durer un peu trop longtemps.
Obliger le chômeur à accepter un emploi en dessous de ses qualifications en lui faisant un chantage aux allocations, n'est-ce pas un ultime moyen de le casser, moralement, de le stigmatiser aux yeux de son entourage comme un ingrat qui refuserait de faire sa part ? L'idée est révoltante !

Rappelons à toutes fins utiles, que le chômeur indemnisé est un ex-travailleur cotisant pour les caisses du chômage, et que tous ceux qui cotisent dans un système fondé sur la solidarité, espèrent bien ne jamais avoir à piocher dans cette caisse commune désespérante...

S'il est salvateur pour une personne sans emploi de garder un lien avec la société au travers d'une activité, utiliser ce chantage odieux n'est pas digne d'une société moderne.

Il serait plus constructif d'inclure des stages de formation, de perfectionnement, de réorientation professionnelle, qui permettrait une fois acquis, d'avoir un bonus à l'emploi, l'éventuel employeur pourrait avoir par exemple une déduction d'impôt en employant ceux ayant cherché à améliorer leurs compétences dans leur domaine et le nouvel employé un plus sur sa feuille de paie, ou un trimestre de cotisation retraite acquis automatiquement grâce à cette période de formation...Bref, il y a d'autres idées possibles, positives d'un point de vue social, positives aussi en matière de qualité en terme d'emplois. Faire ramasser des feuilles mortes, sur un CV ne valorisera en rien le chômeur, et n'apportera rien de plus à son éventuel patron.

Cette mesure sauce anglaise a un goût bien amer, celui de la politique spectacle, elle a l'avantage de ne rien coûter, de donner l'impression qu'on occupe le pôvre chômeur qui paie sa dette à la société à qui il doit sa pitance quotidienne...le retour du servage à la mode anglaise !

Si en France, une telle mesure était annoncée, figurez vous que dans l'ensemble, elle serait bien accueillie, mais oui, on entendrait " ben alors c'est mieux que de ne rien faire ! Et puis quand on veut travailler on prend ce qui vient ! C'est pas juste de donner de l'argent à quelqu'un qui ne fait pas d'efforts..." Ça vous tente une petite salopette orange ? Triste époque...

5 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

Tous des faignants.

isabelle B. a dit…

@nicolas faignants ? un mélange de fainéant et feignant :-)

Nicolas Jégou a dit…

Parfaitement !

Le coucou a dit…

C'est tellement dégueulasse qu'ils vont peut-être finir par se révolter, nos flegmatiques voisins ? (pas flemmatiques, hein!)

isabelle B. a dit…

@lecoucou : à force de manger de la gelée verte, on se ramollit :-)