21/10/2010

au boulot en déambulateur

J'ai entendu hier à la radio une auditrice, retraitée depuis l'âge de 60 ans, et ayant profité des 5 semaines de congés payés, nous expliquer très sérieusement que quand même en France on exagérait parce que " chez les américains les travailleurs n'ont que 2 semaines de congés, et cumulent deux à trois emplois pour boucler leurs fins de mois, et cela bien au delà des 60 ans"... Brave femme !
Elle a rajouté pour pimenter son témoignage une anecdote à propos de son "arrière grand-père cheminot qui avait travaillé jusqu'à un âge avancé dans un train fonctionnant au charbon et qui ne s'était JAMAIS plaint !" 
Ben alors c'est vrai ça, pourquoi ne pas revenir au système féodal où les manants travaillaient en servage pour leur seigneur, versaient la gabelle, courbaient l'échine au passage de son cheval au milieu des champs, et offraient leurs filles en raison du droit de cuissage, ils ne se plaignaient pas les manants, ils était travailleurs EUX !

Je suis lasse d'entendre de telles âneries, fatiguée, désespérée certains jours, pas vous ?

Un proche revenant de voyage de New York m'a rapporté avoir croisé une vieille dame, postière, tellement vieille qu'elle se servait de son caddie de courrier comme d'un déambulateur...Et puis un monsieur qui s'occupait de porter les bagages à l'hôtel, qui croulait sous le poids de son fardeau, tellement âgé, que cet ami lui proposa de porter lui même les valises, le vieil homme lui a rétorqué " no sir, his my job ! " no comment...

Est-ce cela le progrès ? Est-ce modèle de société que nous souhaitons ? Des travailleurs rongés par l'arthrite qui nous portent nos valises, conduisent nos trains, enseignent à nos enfants ?

Rappelons que ces personnes âgées, aux états-unis, travaillent parce qu'elles sont les victimes innocentes de la ruine de leurs fonds de pension PRIVÉES !
Et cela à cause de jeunes golden boys qui ne supporteraient pas de vivre sans une rolex à leur bras. Voilà la réalité de ce modèle bling-bling qui en fait rêver certains, une économie ultra libérale au détriment des plus fragiles : Mais on est pas au pays des cow boys, les français dans une grande majorité font d'autres rêves que le rêve américain.

" Oui mais c'est la crise ! " me rétorque-t-on...Mais qu'on arrête de me bassiner avec la crise !
Quand je pense à crise, je pense à celle de 1929, pensez-vous qu'on en soit là ? Bien sûr que non. Les banques ont été sauvées et font des bénéfices énormes, le CAC 40 est à plus de 3800 points, l'argent coule à flot, pas dans votre poche, mais il est toujours là, et les golden boys ont tojours les mêmes pratiques douteuses, rien n'a changé.

On agite juste ce spectre devants vos yeux, pour vous maintenir dans la peur, celle de perdre le peu que vous avez péniblement amassé durant une vie de labeur.
Cette fameuse crise permet au gouvernement de vous faire avaler une cure d'austérité, un peu comme cette huile de foie de morue sensée vous requinquer, mais quand vous vous réveillerez de ce mauvais rêve, en ayant renoncé à vos droits acquis à coup de luttes successives, il vous restera le goût amer de la défaite.

Alors oui, il y a des pays où les hommes sont beaucoup plus malheureux, où la misère est telle que nous français on arrive même pas à l'imaginer, est-ce une raison pour les rejoindre, pour imiter leur modèle ? Pourquoi nous laisser entrainer vers le bas ? Pour que certains puissent aller voir leur cheval courir à longchamps le dimanche ? Pour que d'autres puissent accumuler des milliards d'Euro dans les paradis
fiscaux ?
Votre vie se résume-t-elle à conserver votre précieuse twingo, votre magnifique maison en parpaings et vos grandes vacances au camping des arbousiers ? Est-là le sens de vos existences, les bornes de vos rêves ?

La pauvreté progresse en France, la liberté de la presse recule en France, le chômage réel explose et pourtant les gros groupes d'entreprises annoncent des chiffres en hausse.

Les grèves, les manifestations en agacent certains, en minorité, je veux bien les comprendre, leur quotidien n'est pas facilité actuellement, mais le véritable coupable de la situation est l'homme qui continue le bras de fer, au lieu de rechercher la discussion, la négociation.
Recherchant l'affrontement dans l'unique but de ne pas céder, et de mettre à terre ceux qui sont déjà en difficulté.
Là où certains voient du courage ou de l'obstination, il n'y a qu'entêtement et orgueil, vanité et égoïsme.
Voilà à quoi ressemble l'homme entre les mains desquelles vous avez déposé votre destin et celle de la France.
Une citation de Jean Grenier " ce qu'on appelle aujourd'hui un chef, c'est un ambitieux doublé d'un fanatique "



6 commentaires:

mtislav a dit…

Lu en commentaire sur un blog hier : "On ne va pas s’étonner que des cartels de branleurs soient en mesure de bloquer le pays en claquant des doigts. (...) Je ne sais pas ce qu’il faut a cette armée de rêveur pour revenir sur terre." L'auteur du billet quant à lui se lamentait : "A part euthanasier nos vieux, je ne vois guère de solutions."

isabelle B. a dit…

c'est vrai qu'on lit des commentaires surprenants :-(
euthanasier les vieux je sais pas, mais les cons, ce serait un bon début;-)

Le coucou a dit…

Beau moment de révolte, je t'applaudis ! (Et merci de redonner à entendre Boris Vian. Pour une fois, voilà quelque chose qui me donne envie de m'arrêter un moment pour l'écouter!)

GdeC a dit…

Comment ? Tu oses ne pas rêver de voir ton grand père travailler à la caisse du supermarché ? mauvaise française !

Olivier SC a dit…

Ben alors, Iboux, je peux m'abonner mais pas t'écrire à Twitter ; c'est pô juste ;)

isabelle B. a dit…

@lecoucou cette chanson est magnifique, ma mère me l'a fait écouter depuis l'enfance, elle m'a donné aussi cette aptitude à se révolter des injustices ...

@gdc mes grands pères sont déjà morts, et ils seraient pareillement révoltés s'ils étaient de ce monde ...

mais si Olivier, tu peux m'écrire, c'est rare que je ne m'abonne pas aux gens qui me suivent, mais attention je vire les casse-pieds ;-)