26/10/2010

allo docteur web, c'est la noiraude...

Je vous avais parlé au mois de juin de la médecine rurale,et de la difficulté à se faire soigner en province en raison du manque de praticiens généralistes ou spécialistes, or ce matin j'ai lu ici "qu'un décret paru au Journal Officiel autorise les consultations par internet." et que "le but de ce décret d'autorisation :  "résoudre, par exemple, le problème de la démographie médicale", et lutter ainsi contre l'apparition de déserts sanitaires dans certaines régions"
Encore une fois, on assiste à l'avènement d'une solution simpliste à un problème complexe !

Je vais me faire l'avocat du diable pour changer...Admettons qu'on laisse les médecins " réels ", en chair et en os, disparaitre de certains territoires, puisqu'il semble qu'aucune autre alternative sérieuse au déplaquage des docteurs ne soit étudiée, que penser  :

Du facteur démographique ? 
La population dans les zones rurales, est vieillissante, or une personne "âgée", parfois isolée d'un point de vue familial, pourra-t-elle prendre soin de sa santé en ayant plus comme interlocuteur qu'un médecin virtuel ?

Sachant que dans les pathologies courantes liées à l'âge, il y a malheureusement la maladie d'Alzeimer ou la sénilité... je vois mal une personne atteinte de troubles de la mémoire être capable de décrire "en ligne" ses symptômes, la date de leur apparition, se souvenir de son traitement en cours...

Du facteur technique ?
Ce système de consultation en ligne signifie être équipé d'un ordinateur, d'une connexion internet , être capable de cliquer au bon endroit au bon moment... Il y a des foyers en France qui ne sont pas équipés en informatique, ou formés à l'utilisation d'un ordinateur et de l'Internet.
S'il n'y a plus de médecin près de chez eux, va-t-on leur répondre " ben alors ! Faut se mettre à l'informatique si vous voulez être soignés ! "
De plus je m'interroge sur le côté pratique, montrer son œil irrité à un docteur virtuel via une webcam, ok, mais en cas d'hémorroïdes, vous aurez intérêt d'être souple ou d'avoir une webcam amovible...

Du facteur risque ?

Qui portera le chapeau en cas de problème ? Admettons que Mémé Jolie utilise la consultation en ligne pour soigner son petit problème de douleurs qu'elle décrit comme de l'arthrose, une douleur dans le bras gauche qu'elle a du mal à qualifier, des engourdissements des doigts, une grosse fatigue, le gentil médecin en ligne lui prescrira des antidouleurs, une crème antalgique, du repos ! Et puis pas de bol, Mémé jolie fait une belle crise cardiaque la laissant à demi paralytique, la faute à qui ?
A Mémé jolie qui n'a pas su décrire ses symptômes ou mesurer la gravité de son état OU au site internet qui a fait la consultation, qui n'a pas détecté le problème cardiaque, et n'a pas proposé d'examens supplémentaires ?
C'est ennuyeux pour Mémé Jolie qui se retrouve paralysée, à la charge de ses enfants, et qui va coûter très cher à la Sécu à présent...

On voit donc dans notre beau pays l'arrivée, comme prévue, peut-être un peu en avance sur mes prévisions personnelles, d'un accès aux soins à deux vitesses, et vous serez nombreux à devoir vous contenter du " Bas Débit " !
Pour vous faire votre opinion , un bon article sur le sujet :

2 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

Ah ! Les grands esprits se rencontrent...

isabelle B. a dit…

oui, j'ai publié le mien et vlan j'ai vu ton billet dans la blog roll :-)