08/02/2011

touche pas à mes reseaux sociaux

Je viens de lire un court article retraçant une "guerre des boutons " à St Brieuc entre collégiens de 13 ans venant du public et du privé qui se donnent rendez-vous  via les réseaux sociaux, pour des motifs futiles afin de sa castagner. Dans cet article la police, comme les responsables des dits-collèges pointent du doigt les réseaux sociaux comme responsables de cette violence.

Pas un mot sur la responsabilité parentale...Je vais faire bondir certains, mais que fout un gamin de 13 ans sur facebook ou twitter ? Que fait-il avec un téléphone portable alors que ses camarades sont à ses côtés toute la sainte journée, et qu'en rentrant du collège il est censé être pris en charge par ses géniteurs ?
Je rencontre la même pression que certains, mon ainé commence déjà à tâter le terrain pour avoir son profil facebook parce que tous ses copains et copines en ont déjà un : Ma réponse est claire, brève : "Euh...Non ! " mon regard doit être éloquent car je n'ai pas eu à justifier le pourquoi de cette injustice criante.

Beaucoup de parents, la majorité d'entre eux d'ailleurs me trouve rétrograde, arguant que les réseaux sociaux font partie de notre monde moderne, qu'à notre époque quand nous étions des djeuns ça n'existait pas...on se baladait avec un walkman à cassette sur les oreilles et déjà c'était une révolution par rapport aux mange disques de nos parents...certes...je n'en disconvient pas, le monde à évolué mais certaines choses n'ont pas changé, comme les vilains messieurs à qui nous devions refuser d'accepter des bonbons...les vilains messieurs eux aussi ont évolué, ils raffolent des réseaux sociaux.

Dés 3 ans, on nous serine que nos bambins doivent être autonomes...certains parents enregistrent tellement bien cette information que je vois tous les jours des gosses de 6 ans rentrer seuls de l'école, en bord de route, où il n'y a pas un chat, la clé autour du cou. On me rétorque que les parents travaillent et qu'il n'y a personne pour s"en occuper, ou même une mère m'a répondu " mais c'est fait exprès qu'il rentre seul, il faut qu'il se démerde ! " j'ai eu envie de lui répondre que la contraception lui aurait épargné bien des tracas, mais à quoi bon ?

A12 ans, ce sont les réseaux sociaux qui font office de famille à beaucoup d'enfants livrés à eux mêmes.
Le mot " non " est un mot que beaucoup ne veulent plus prononcer, parce que c'est plus facile d'avoir un gamin qui se débrouille plutôt qu'un enfant dont on doit prendre la responsabilité.
Mon pré-ado n'est pas mon copain, il n'est pas mon "ami" facebook, c'est mon enfant, à qui je tente tant bien que mal de transmettre des idées, des valeurs que je juge comme essentielles comme être capable de prendre ses propres décisions en réfléchissant, et non pas suivre le mouvement comme un mouton, parce que c'est la mode, parce que tout le monde le fait ou parce qu'à la télé on lui dit que c'est cool !
Lorsqu'il sera armé psychologiquement et intellectuellement il prendra son envol, aura un profil facebook, twitter, un portable, une carte d'électeur...Il n'aura plus besoin de ma permission et il saura ce qui est bon pour lui.

A mon sens, être parent c'est savoir dire non, c'est habituer son enfant à la douloureuse frustration qui existe dans toute vie adulte : si on ne connait pas la frustration durant l'enfance comment la supporter à l'âge adulte?
Cela me révolte que l'inconscience de certains vis à vis des êtres qu'ils sont sensés protéger, serve d'excuse à nos dirigeants pour réduire mes libertés d'adulte comme communiquer librement sur le net via les réseaux sociaux ou via les blogs ! Alors de grâce parents, arrêtez de vous déculpabiliser en cédant à toutes les demandes de vos chères têtes blondes, nous évoluons dans deux mondes distincts, à quoi bon faire croire à un enfant qu'il est adulte en lui offrant les mêmes libertés que ses parents ?

EDIT: je rajoute un petit paragraphe : mon fils, loin d'être coupé du net, possède une adresse e-mail lui permettant de communiquer avec ses amis "réels", d'autre part il possède un blog où il s'essaie anonymement ( sous notre œil attentif ) à communiquer sur ses passions actuelles, blog que ses amis "réels" peuvent venir lire également et commenter. Ses amis sont épatés par ses compétences dans la tenue de son blog, ce qui permet d'améliorer sa confiance en lui, et le partage revêt un côté positif parce que créatif... Deux outils ludiques, pédagogiques, dont les risques sont maitrisés facilement par les parents...ce que j'en dis, hein...

9 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

on est d'accord ! Peut-être pas dans le détail mais sur cette "responsabilisation" des mômes et cette "déresponsabilisation" des parents.

Dans le métro, tous les jours, je vois des bouts de chou (je ne sais pas leur âge, peut-être 8, 10 ou 12 ans, peu importe) qui vont tous seuls à l'école, des cernes sous les yeux.

N'ayant pas de gosse, j'ai beau jeu de ronchonner mais je crois qu'on a un problème global de société...

isabelle B. a dit…

@nicolas : oui, avec les enfants beaucoup mettent la charrue avant les bœufs. Mon objectif n'est pas de tenir mes enfants en dehors du monde " moderne" mais de leur donner les outils intellectuels pour faire face à ce monde, en temps et en heure.

Sam Lowry a dit…

J'aurai quelques nuances sur la nécessaire "éducation à la frustration" et sur la "démission des parents" qui nourrit les délires sécuritaires de certains... mais bon, comme je suis très très globalement d'accord avec toi, je ne vais pas non plus couper les cheveux en quatre...

La question que je me pose (et, en ce qui me concerne, disons que j'ai en gros encore 5 ans pour y répondre) c'est la façon d'éduquer nos enfants pour leur permettre d'évoluer au mieux dans les réseaux sociaux. Sans même parler des risques les plus extrêmes, c'est un mode de relations humaines très particulier. Et je ne pense pas que le black out total jusqu'à un âge "raisonnable" soir forcément la meilleure solution. Globalement, on élève aussi nos enfants pour leur permettre de se socialiser (école, activités sportives, colos, etc...) et incontestablement les réseaux sociaux sur le net font maintenant parti du paysage.

Pour autant, éduquer un enfant et le rendre autonome, ça ne veut bien évidemment pas dire le livrer à lui même ! Reste donc à creuser la façon de les accompagner pour évoluer au mieux dans ce type de relations humaines...

See Mee a dit…

Assez salutaire cette prise de position !
Mais je me pose tout de même une question : à partir de quel âge nos chères tête blondes sont-elles assez armées pour utiliser ces outils à bon escient ? Il faut aussi pratiquer pour se poser les bonnes questions, observer les usages, trouver le sien, faire aussi des erreurs formatrices...
S'ils en sont exclus trop tardivement, la frustration et l'envie légitime de partager les mêmes pratiques que son groupe de pairs peuvent provoquer aussi des effets néfastes... et conduire peut-être à des comportements plus dangereux que ceux auxquel un usage modéré et "accompagné" (discussions) l'auraient fait.

Je recommande la lécture d'une conférence très intéressante de Agnès Pécolo sur le sujet (à partir de la page 3) : http://jobs.ij-poitou-charentes.org/page.php?id_page=134

isabelle B. a dit…

@sam on est d'accord il faut accompagner, et je constate autour de moi, que les enfants ne le sont pas sur le net, on se contente d'une breve explication sur les dangers, et puis vogue la galère.
dans tous les cas, pour se socialiser rien ne vaut la vie réelle, encore que si on part de l'idée que l'enfer c'est les autres...immense sujet :-)

isabelle B. a dit…

@seemee la maturité varie d'un enfant à un autre, à l'intérieur même d'une fratrie, je me souviens que mon frère de 5 ans plus jeune que moi était beaucoup moins naïf et plus dégourdi que sa grande sœur :-)
dans tous les cas, est-ce vraiment grave qu'un enfant ne soit pas collé à son FB et son twitter dès un moment de libre ? c'est parce que certains parents ont fait entré leurs enfants sur les réseaux dés 12 ans, que tous les autres se sentent out de ne pas le faire :-)

isabelle B. a dit…

SEEMEE nous transmet le lien suivant : http://www.facebook.com/l/e373bQym90hAHO9izfaYUBrz-yQ;www.cnajep.asso.fr/doc/publication/Actes_numerique_091110.pdf

Bernard a dit…

Bravo pour ce billet ! J'avoue que je n'y connais rien en "réseaux sociaux" et je m'en fous complètement! Mais c'est sans doute normal vu mon âge...Je préfère activer "mes réseaux" au bistro, au coin du bar...Il est vrai que maintenant, j'ai le temps de le faire, vu que je suis en "retraite" (mot que je déteste, car je n'ai pas l'impression d'être en retrait de la société)
Par contre, j'ai l'impression que beaucoup de parents sont "en retrait" de la vraie vie. C'est vrai que la vie n'est pas facile, c'est vrai qu'une majorité de gens galèrent pour des boulots de merde...
Mais est-ce que ça doit justifier que des gamins de 12-13 ans se retrouvent dans les rues le soir, y compris dans nos petits bourgs de campagne ? Est-ce que la lâcheté ambiante doit sacrifier ces gamins sur l'autel des égoïsmes individuels ?
Ah bien sûr, il faut construire sa maison, il faut avoir la dernière bagnole (neuve) à la mode, il faut faire comme tout le monde, il faut faire ce qu'on voit à la télé...Il faut être "normal". Mais c'est quoi une norme ?
On pète les plombs avec ces problèmes bassement matériels, et on oublie qu'on a fait un gamin.
A notre époque, faire un enfant ne relève plus de la providence divine (sauf pour certains traditionalistes, mais j'espère qu'ils sont toujours minoritaires).C'est donc un acte responsable. Mais les notions de responsabilité ont-elles encore cours dans notre société ?
Le but de mon propos n'est pas d'être moralisateur(j'ai horreur de la morale): je précise que j'ai une fille et que j'avais 33 ans quand elle est née. Tout le temps que nous l'avons eue avec nous, nous avons essayé avec sa mère, de l'accompagner pour qu'elle arrive à sa vie d'adulte...Ce n'était pas simple tous les jours...Et bien que nous soyons séparés depuis quelques années, je dois avouer que ma fille est certainement la meilleure chose de ma vie que j'ai faite avec mon épouse !
Désolé d'afficher mes états d'âme, mais ton billet m'a remué les tripes...J'espère ne pas avoir été trop politiquement incorrect!

isabelle B. a dit…

@bernard beaucoup de parents ne pensent pas à mal, et sont je suppose dépassés par beaucoup de choses, les cellules familiales ont éclaté, et ils sont parfois seuls pour gérer beaucoup de problèmes...la vie n'est pas simple c'est un fait !