Yann m'a tagué sur un sujet d'actualité " l'euthanasie ", d'actualité parce que Le Sénat a adopté mardi une proposition de loi visant à légaliser l'euthanasie.
La question que pose Yann est la suivante " êtes-vous favorable à l'adoption et à la mise en place de ce projet de loi ? " Question que je renvoie de ce pas à Gaël, Dadavidov, Olympe, Solveig, Steph
et Cycee...
Ma réponse d'emblée est oui, bien qu'elle merite quelques precisions.
Étant donné que notre vie nous est imposée dés la naissance sans aucune forme de choix, et bien que dans la plupart des cas, on puisse se satisfaire de ce joli cadeau, il y a malheureusement des situations où le cadeau en question est un peu lourd à porter et où on devrait avoir le droit de le renvoyer à son expediteur...
La maladie incurable, qui fait souffrir au point que notre corps n'est plus qu'une douleur insurmontable, une douleur sans fin, jour, et nuit, une douleur qui occulte toute autre sensation, qui aliène toute pensée, doit être un motif nous autorisant à demander de cesser d'exister, surtout quand on a déjà cessé de vivre.
Alors bien sûr, le ressenti de la douleur, de la souffrance physique est subjectif, très différent d'une personne à une autre. Quelqu'un qui n'a jamais été malade, qui n'a jamais ressenti aucune douleur physique sera peut-être moins résistant qu'un autre, et demandera plus rapidement qu'on mette fin à celle-ci.
C'est pour cette raison que l'euthanasie doit être à mon sens encadrée légalement par des professionnels, médecins, psychologue, juristes, et famille...Pour mettre des mots sur cette souffrance, qui souvent ne se borne pas au corps. L'idée de quitter sa famille, les gens qu'on aime, faire le point sur ce qu'on a accompli et ce qui restera inachevé, voilà une souffrance de plus à affronter.
Petite précision, Avant de réclamer et d'obtenir une euthanasie, La personne malade a le droit de voir sa souffrance prise en charge, et il est clair qu'en France, la douleur n'est pas assez soulagée, la dignité et le respect de la personne humaine n'est pas assez respectée, et n'en déplaise à ceux qui travaillent actuellement dans le milieu médical, je sais pour l'avoir vu et entendu, qu'il y a encore trop de personnels médicaux qui ne considèrent leur patient que comme un numéro , un cas de pathologie parmi d'autres.
La dégradation des moyens dans les hôpitaux, le manque de personnel, ne va surement pas arranger cet aspect du problème de la fin de vie ! Et voilà peut-être pourquoi après des années de réclamation de certaines associations pour une fin de vie dans la dignité, on assiste à ce revirement en faveur de l'euthanasie...Je sais, je suis cynique, mais après tout je suppose qu'une dose létale pour un cancéreux en phase terminale est moins couteuse que des semaines d'hospitalisation où on prendrait en charge sa douleur...
Voir quelqu'un mourir est une situation à laquelle notre société n'est plus habituée, alors que la mort est naturelle, elle fait partie du jeu.
Assister, impuissant et inutile à la souffrance et la dégradation inéluctable d'un être cher est une épreuve qui marque une vie à jamais, une épreuve qui n'a rien de naturel, ni de logique. Les "progrès" de la médecine prolongent la vie mais à quel prix ?
J'aimerai qu'on m'explique comment notre société peut considérer qu'il faut abréger les souffrances intolérables du petit chien de la famille parce que ce n'est pas "humain" de le laisser souffrir, et refuser pareille considération à un être humain qui réclame de mourir ?
La personne qui subit la maladie dans sa chair et dans son esprit est la personne la mieux placée pour répondre à la question : Continuer, Pourquoi ? Pour qui ? Jusqu'où ?
Nous sommes propriétaires de nos vies, et on devrait pouvoir déposer le bilan et tout liquider quand bon nous semble !
En tant que famille, j'ai vu la souffrance sous de multiples formes, et égoïstement je refusais la mort à ces êtres que j'aimais, pour les garder, encore un moment, jusqu'au jour où j'ai compris que rien ne pourrait les ramener, qu'il fallait les laisser partir pour leur bien, et si une demande d'euthanasie avait été formulée je l'aurai acceptée et comprise, pour autant aurai-je eu le courage d'y accéder ? Sans doute que non, et c'est bien pour cette raison qu'une loi doit être votée, pour que cette décision si personnelle ne soit pas un fardeau pour la famille ou les médecins.
Allez lire l'avis de Nicolas, Falconhill, Le Coucou, Philippe Méoule, Engagée, David Burlot, Zette sollicités par Yann sur ce sujet.
5 commentaires:
je rejoins ton avis sur la question. L'acharnement thérapeutique m'insupporte. Je reconnais que la science doit faire des recherches; Mais je pense que notre corps ne doit pas devenir notre prison quand on est devenue "un légume". Il devrait nous permettre d'avoir une carte comme celle du don d'organe prouvant notre volonté d'être euthanasier si cela était nécessaire.
On prendrait notre propre décision et non nos parents.
il y a une loi sur le sujet du 22 avril 2005 qui est déja bien complète et les unités de soins palliatifs se sont bien multipliées depuis.
oui, à l'assistance médicalisée, et psychologique. après je n'ai pas lu ce projet de loi...
Je n'ai jamais pu accepter que le corps médical ait tous pouvoirs sur mon corps.
Ce qui était le cas quand je suis née et je me souviens de cette omnipotence des médecins avant que la contraception et l'avortement aient droit de cité ... l'horreur!
Maintenant, c'est encore aux médecins de décider, à notre place, de ce qui est bien pour nous.
L'euthanasie, qu'on soit pour ou contre, doit pouvoir être choisie dans des cas bien définis et dans les cadres de la loi.
Ce n'est pas simple, j'ai vu bien des gens qui la prônaient et qui ne demandaient plus rien en phase terminale.
Etaient-ils d'ailleurs en état de demander quoi que ce soit ?
Voilà qui pose question quant à l'encadrement de cette loi.
Mais pourquoi refuser à un être jeune, enfermé dans son corps et qui le demande expressément, une aide pour mourir ?
Faut-il que ce soit sa mère qui se "dévoue", comme Marie Humbert ?
Pour résumer et parce que Isabelle me demande mon avis, je suis pour l'euthanasie et je suis d'ailleurs persuadée
que le vieillissement de la population et le coût d'un malade que l'on prolonge, mèneront à cette éventualité.
Il faut bien appeler un chat un chat.
Euh... je ne traitais pas exactement de ce sujet, mais merci pour le lien !!!
Enregistrer un commentaire