05/05/2012

au nom de la chouquette

Depuis hier soir minuit, on ne doit plus faire campagne , même dans un blog...soit ainsi soit-il.
Je m'en vais donc pour vous détendre vous raconter une courte histoire qui vous fera sourire, enfin je l'espère...Toute ressemblances avec des personnages ou des lieux existant ou ayant existé serait fortuite.
Disponible en version Audio avec musique et bruitages ICI
Au nom de la chouquette


Dans un autre temps que le notre, dans un pays quelque part entre le nombril du monde et son trou du..., vivait et prospérait un empereur auto-proclamé, petit de par sa taille mais grand de par son amour des chouquettes. Ce matin là, il était de forte méchante humeur, enfin ce matin là spécialement :

- Rooooger ! mais il est où celui-ci encoooore ! Roooger ?!
De petits pas pressés se firent entendre sur le parquet de bois.
- Oui, me voici monsieur que puis-je...
- Je n'ai pas eu mes chouquettes matinales ! vous savez que je ne peux travailler sans mes chouquettes du matin !
- Oh...
- Une explication peut-être à ce scandale ?
- Je vais enquêter sur le champs monsieur... dit-il en palissant.
- Bonne initiative...pour une fois, allez, allez...le balayant de sa petite main nerveuse.

Le pied de l'empereur tressautait, il s'agaçait lorsque sa journée ne commençait pas avec son rituel des chouquettes, il hurla, encore :
- Josephaaaa ? Josephaaa ?!

De petits pas pressés se firent entendre sur le parquet de bois.
- Oui, fripounet, me voilà, elle l'observa, oh on est de mauvaise humeur ce matin...vos sourcils sont tout chiffonnés
- Je n'ai pas eu mes chouquettes, le sort s'acharne à me rendre la vie impossible...tiens, soulagez moi, chantez un peu cela va me relaxer.
- J'ai un rhume ce matin, je n'ai plus de voix...dit-elle doucement
- Plus de voix ?! hi, hi, comme si vous en aviez eu une avant votre rhume...je ne vous demande pas une voix de cantatrice, hein ? il sourit méchamment, juste une chansonnette pour me détendre, d'ailleurs je vous ai entendu ce matin fredonner...
- Mais non, je n'ai pas chanté vous dis-je, c'était la radio probablement...
- Et ben allumez la radio, un peu d'initiative ma chère ! Vous voyez bien que je suis tout tendu, là !

Elle alluma donc la radio sans broncher, consciente que ce n'était pas le moment d'ergoter.

Une voix résonna " veni, vidi, vici, et post-scriptum, ad finae, sum in merdam collus ..."

Le petit homme ébahit, se dressa de son siège, et colla son oreille à la radio :
- Mais qu'est ce que c'est que ça ?
- Une radio, mon amour
- Bien sûr que c'est une radio, faudrait vraiment être stupide pour ne pas voir qu'une radio est une radio, vous me prenez pour un abruti ou quoi ?!
- Euh mais non, je disais juste...
- Je m'en fous ! je vous demande qu'elle est cette chose là qui passe en langue étrangère dans MA RA-DIO !
- Ce n'est pas une langue étrangère, mon choupi...c'est la messe, en latin...
- En lapin ?
- Non, laTin...vous savez bien rosae-rosa-rosam...
- Ahhhhh !!!! Ne me parlez pas de roses, hein, vous savez bien que déteste ces fleurs là, ça piquent ! La messe...en lapin...dans mon royaume...non mais je rêve ! Va falloir que je m'occupe de ça aujourd'hui. Bon en attendant changez de radio, cette langue étrangère m'écorche les esgourdes !
- Il n'y en a qu'une..
- Une ? de station de radio ?
elle opina du chef.
- Et pourquoi donc cette absurdité ?
- Vous avez fait voter une...comment on dit déjà quand tout le monde vote comme vous...une...
- Une loi ! j'ai fait ça moi ? Ah ouais...me souviens plus...faut dire que je fais tout moi dans ce fichu pays, comment voulez vous...bon je vais faire venir le ministre de l'information, va falloir modifier cette histoire de radio en lapin
- LaTin
- Latin, lapin, c'est tout pareil arrêtez de chipoter... ben éteignez moi ce charabia ça me casse les...et mes chouquettes, où en sommes nous ? Roooooger ?????????? hurla-t-il
Roger arriva piteux, sans chouquettes...
- Alors ? des éléments sur cette absence inexpliquée de chouquettes ?
- Le pâtissier est en week-end...
- En quoi ?!
- week...
- Je sais ce que c'est que le week end ! je croyais l'avoir supprimé ce truc là....
- Il est parti au chevet de sa vieille mère malade alors du coup ben y'a pas de chouquettes aujourd'hui...
- Elle a quoi sa mère de si grave qui justifie qu'on modifie ma journée ?
- Elle traine la patte depuis des mois, elle se meurt, je crois...
- Et ben alors, faut pas s'acharner sur cette pauvre femme ! faut en finir, c'est quand même pas croyable ça, c'est inhumain,mais les gens sont marrants tout de même...sa mort qui n'en finit plus perturbe le bon fonctionnement du pays là, elle en est consciente au moins...le docteur n'a qu'à...enfin...vous voyez ?
- Vous avez strictement interdit l'euthanasie monsieur, c'est même puni de peine de mort, parce que je vous cite " la vie est sacrée "
- Oui, la mienne est sacrée, et cette histoire de chouquettes commence à me courir sur le haricot, j'vous le dis, tenez, téléphonez immédiatement, au ministre de la santé, celui du travail, de l'information, et tant qu'on y est appelez aussi celui de la sécurité...y'a cette foule devant les grilles, je ne peux même pas faire de vélo ce matin !
Roger fit mine de se retirer
- Et ho, Roger, j'en ai pas fini avec vous, si vous n'êtes pas capable de régler cette histoire de chouquettes, vous irez, vous irez...ben le ministre de la sécurité vous dira où vous irez !

On évitât d'expliquer à l'empereur furieux que  ses ministres étaient eux aussi en week-end, ils se jetèrent dans des helicos, et débarquèrent au palais, rangés en rang d'oignons, onctueux bien qu'inquiets, ils se demandaient quel était l'évènement vital qui avait justifié leur déplacement héliporté :

- Et bien madame Carème, que vous arrive-t-il, vous travaillez en peignoir maintenant ?!
la grande rousse échevelée recroquevillée dans son éponge immaculée, bredouilla :
- Je testais un SPA pour m'assurer que cela ne présente aucun risque pour la population...
- Ahhh ! quel soucis du travail bien fait, bravo !
- Et vous monsieur de Bertiniaque, cette tenue de golf ?
- J'ai été accueilli par le syndicat des golfeurs...une histoire de jeunes caddies qui réclament un salaire.
- Un salaire ? Pour trainer un sac à roulette, et ramasser des balles dans des trous de pelouse ?! On leur offre une activité sportive gratuite sur des hectares de pelouses, et ils réclament un salaire ? ils veulent qu'on les paie ou quoi ?!on croit rêver...
Madame murène, va falloir changer de coiffeur, hein, je sais que vous n'avez pas une seconde à vous mais tout de même...vous me faites peur, là.
Par contre, vous monsieur Génant, je vois que vous êtes tiré à quatre épingles comme toujours...
- Merci, votre grâce...
- Rhooo, n'en faites pas trop, on va finir par s'imaginer que vous me cirez les pompes !
Ils rirent tous deux de bon cœur.
- Et cette foule reprit le petit empereur, devant les grilles ?
- Une question de minutes avant qu'ils ne soient dispersés, et vous pourrez enfin partir pour votre tour à vélo.
- Bien, toujours aussi efficace...Au fait, ils étaient là pourquoi ce matin ?
- Pffff...C'est difficile à déterminer, une raison de râler différente tous les matins, je n'y prête plus attention... Peut-être les contrats de travail à un euro...ils réclamaient, un euro cinquante, vous avez dit non hier, ça doit être ça, enfin je suppose...
- Sont pas raisonnables... On dirait qu’ils n'ont pas conscience de la gravité de la situation économique de ce pays...Heureusement que je suis là pour veiller sur eux, imagiiinez une seconde, si je n'étais pas resté pour m'occuper des problèmes dans quelle merde ils seraient !
Tout le monde acquiesça.
- Donc je résume, je vous ai fait venir pour les réformes du jour : la radio unique, madame Murène, j'ai noté une émission en langue étrangère, en lapin plus précisément selon les dires de Josepha, comment voulez vous que le peuple comprenne quelque chose, hein ? Vous me changez ça dés demain, et rajoutez nous une radio avec un peu de musique, accordéon, biniou, du pipo...j'aime bien le pipo.
Monsieur Gênant, va falloir trouver une solution pour le devant des grilles, parce que tous les matins après l'évacuation au canon à eau, j'ai les roues de mon vélo qui patine, c'est très désagréable...
Madame Carême, vous laissez tomber la sécurité dans les spa, et vous planchez sur l'euthanasie, hein, apparemment mon interdiction est un peu, comment dire excessive, je me dois d'écouter le peuple, après tout je ne suis pas sourd, ni aveugle, cela pose problème cette histoire là, d'évidence, cette interdiction paralyse le travail de certains ( il se pourlécha les babines en pensant à ses chouquettes )
Quant à vous Monsieur de Bertiniaque, vous supprimez le week end, perte de temps inutile, les gens réclament du boulot, tous les jours aux portes de ma maison, donnons du travail !
alllez, alllez hop ! au boulot ! "
Josepha attendait dans son coin boudeuse, son choupi avait critiqué sa voix. L'homme l'attira vers lui :
- Oh ne faites pas la tête, vous savez que je suis de méchante humeur sans mes chouquettes...
- Oui mais dire des choses vilaines sur ma voix...
- Meuuuh non, je ne le pensais pas...j'étais dans un état de confliction, voilà tout...
- De confusion vous voulez dire ?
- Ai-je l'air confus ?! tonna-t-il...
- Euh non, bien sûr que non...vous vouliez dire un état d'affliction sans doute...
- A-ffli-gé vous me trouvez a-ffli-gé? ben ça c'est pas faux, vous ne comprenez rien à rien, c'est affligeant ma chère !
Elle  se tassa dans ses stilettos, et sortit à reculons, maudit pâtissier songea-telle.

Soudain, du fond de la salle apparut un homme, providentiel, précédé par un doux parfum de patisserie fraiche, Roger, portant fièrement une assiette de chouquettes :
- Roger ! alors là, j'en reste sans voix ! mais comment diable avez-vous réussi cet exploit malgré l'absence du pâtissier ?
- Je les ai faites moi même monsieur...une recette familiale.
- Nooon ? je ne le crois pas...vous connaissiez la fabuleuse recette de la chouquette et vous n'en avez jamais rien dit ? Mais Roger, il faut mettre en avant ses talents, ses compétences, trop de modestie tue la modestie !
- Et bien je ne savais pas que cela pouvait être si important...
- Vous avez été face à un problème, que dis-je un problème, osons le mot une crise !  Et vous l'avez réglé avec un courage et une dextérité qui force le respect...je vous le dis Roger, rien ne peut vous arrêter, vous êtes un battant...j'aime ça...que vais-je faire de vous ?
Il mâchonna sa chouquette, puis le doigt en l'air rendit son verdict : Dites-moi Roger, un poste de premier ministre ça vous tenterait ?

Et ainsi, ils vécurent heureux, plus jamais le petit empereur ne fut privé de chouquettes le matin, et tout fut pour le mieux dans le meilleur des mondes...




























4 commentaires:

Anonyme a dit…

Un seul mot : Excellent !
Je me suis délecté de ce billet :o)

Dominique Lemoine a dit…

Billet à lire sans modération

Captainhaka a dit…

Gaffe @Jegoun va te sortir l'article 6, III, 2° de la loi 2004-575 du 21 juin 2004." :) Excellent conte à dormir debout !

mireille a dit…

Génial ! ... Merci.