19/11/2011

parlons viol à nos ados !


Je parle rarement de faits divers sur ce blog, sauf s'il me donne l'occasion d'évoquer une question de façon plus générale.
Une jeune adolescente a été violée et tuée avec préméditation par un camarade dans un internat au Chambon/lignon. Très joli village au demeurant, village des justes, c'est l'image qu'il faudra en garder malgré cette affaire sordide...

Ce fait divers renvoie certains d'entre nous, à nos angoisses de parents, sommes-nous à la hauteur de l'enjeu ?
Parents d'un fils : Celui-ci a-t-il bien compris que pour une fille, non c'est non, et pas peut-être, qu'il ne peut prendre ce qu'on ne veut pas lui donner...et que rien n'a plus de valeur qu'une vie ?

Le nombre de viols en France est effarant, j'ai trouvé un chiffre de 75.000 viols/an en France, et 198.000 tentatives de viols/an ! Cette " déviance" qu'on pourrait penser marginale est en fait un fléau, une épidémie, 75.000 tous les ans ?!

Lorsqu'il est commis par un mineur on ne peut s'empêcher de se questionner : Y-a-t-il eu assez d'information sur le viol, de prévention sur le respect de la femme et de l'autre en général?

Les parents abordent-ils aujourd'hui ce sujet ? Probablement avec les victimes potentielles les filles...quelle est celle qui n'a jamais été prévenue de ce risque qui planait au dessus de sa tête, simplement à cause de son appartenance au sexe dit " faible ( j'ironise, je précise !) ?

Mais franchement, combien de parents prennent leur fils entre quatre yeux à l'adolescence pour faire le point sur le fait que le viol est un crime, qu'il peut bousiller la vie d'une femme à jamais ? Peut-être pas autant qu'on pourrait le penser.

A l'adolescence, en tant que parents on doit gérer les crises hormonales, les doutes existentiels, aborder le sujet de la contraception, mais parler du viol ? ça fout les jetons...l'idée même que son rejeton adoré puisse commettre une telle abomination à l'une de nos consœurs est insupportable, ignoble, à vomir, on a pas envie d'y penser, et encore moins d'en parler, et pourtant, il faut le faire pour lui aussi.

Vous avez appris à votre gamin à traverser dans les clous, à être poli, à ne pas voler ses camarades de classe, à respecter la vie du petit animal domestique, à ne pas tuer les fourmis qui sont utiles...à ne pas piétiner le parterre de roses, une fleur " c'est vivant mon chou faut pas lui faire de mal..." et vous ne prendriez pas un moment pour faire le point sur le viol ?
Crime qui au delà de l'horreur qu'il fait vivre à sa victime, peut le conduire en prison ? C'est...étrange, non ?

Combien d'enfants d'une dizaine d'années sont face à la violence au journal de 20H, ou dans les séries genre " les experts ", sans cette nécessaire communication, sans analyse de ce qu'ils regardent ? Si personne ne met de mots sur le " mal" , si personne n'aide un enfant à " travailler " son empathie qui peut dire s'il y parviendra seul ?

Combien de parents attendent des enseignants qu'ils fassent ce boulot de formation " morale " et s'offusquent qu'il ne soit pas réalisé alors qu'eux-mêmes ne le font pas ?
Les parents sont les éducateurs naturels de leurs enfants, ils ont un rôle à jouer dans la prévention du viol, je crois...non ?

Cette affaire du Chambon est un cas extrême relevant de la psychiatrie, du fait de la préméditation et de la froideur émotionnelle du jeune tueur,
mais il peut être tout de même l'occasion de communiquer, de dire fermement à nos garçons que personne n'a le droit de disposer du corps d'une femme contre sa volonté, et de dire à nos filles que rien ne justifie qu'elles subissent de tels actes !

14 commentaires:

Daydreamer a dit…

de ce que je vois autour de moi, je dirais que les gamins ne comprennent pas qu'on leur dise "non". Pas qu'ils ne sachent pas ce que ça implique, mais qu'ils s'en foutent. Et quand je refuse un truc à mon fils de 10 ans et qu'il me dit qu'il va appeler les services sociaux, ben, moi, perso, je lui donne le téléphone direct (ce qui ne l'empêche pas de couiner, râler, insister, faire du chantage)... et pendant ce temps, ses frères observent et prennent des notes. Les potes de mon fils ont la télé et le lecteur dvd dans la piaule, les dernières consoles, les derniers jeux, des fringues de marque... et des parents qui ont la paix...
faudrait surtout pas frustrer nos chérubins...

et sinon, l'autre jour, une mamie me disait qu'en bas de chez elle, il y a une boite de nuit et que vers 2h du mat', les jeunes sortent et les mecs bourrés demandent alors aux filles des choses qui se font en principe en privé... et elles s'exécutent... et les flics refusent de se déplacer... et ça a lieu tous les week ends, toute l'année...

je crois qu'en gros, tout le monde s'en fout...

kalondour a dit…

Très bon billet...Dans le village des Justes, un gamin, bien comme il faut, bien propre sur lui en arrive à commettre un crime sans manifester la moindre émotion...Dans notre monde où le virtuel se confond avec le réel, le rôle des parents est en effet essentiel...Mais dans le contexte voulu d'infantilisation et de déresponsabilisation du plus grand nombre, ce rôle des parents se réduit souvent à la délégation de pouvoir.

Apolline a dit…

Merci pour ce billet, sur ce regard de mère qui ose se poser sur ses fils autrement que pour les voir comme des petits chéris qui eux, jamais ne pourraient faire ça ...
D'abord parce que la chair est faible ...
Ensuite par ce que le "non" des filles n'est pas toujours si audible que ça ... et qu'il n'est pas facile de percevoir, pour un garçon qu'il y a un univers entre un vrai désir sexuel de fille et sa vraie envie de fille d'agir son désir ...
Le coeur du sujet, c'est sûrement cela ...
Car dans le drame qui saisit les médias et notre sensibilité, il faut voir l'image de la pauvre enfant décédée : était-ce vraiement une fillette de 13 ans cette jolie pin-up aux yeux discrètement mais sûrement cerclés de khôl et aux cils maquillés, au décolleté généreux et au Tshirt moulant ? ... Une fillette trés "sexualisée" déjà ... qui posait pb à ses parents et manifestement faisait usage de stupéfiants ...
Est-ce que c'est une raison pour se faire violer, tuer et brûler ? NON ! ... Mais n'est pas bouc émissaire qui veut ! ...
De son côté, ce jeune homme est décrit avec des symptômes psychiatriques importants ... que le choc de ce qu'il a fait révèle au grand jour ... mais qui devaient s'exprimer à bas bruits ... trompant la vigilance des meilleurs médecins ... l'adolescence est un processus unique au travers duquel chaque jeune est original ...
J'ai appris tout cela à l'Institut de criminologie ... c'est pourquoi je me permets de mettre ces quelques lignes chez toi, ici ...
L'adolescence de NOS enfants, a de faibles chances de réunir les ingrédients de la tragédie qui nous interpelle ces jours-ci.
C'est pourquoi, ta note et ta démarche me paraissent :
1. Particulièrement saines avec des mots justes
2. Ne pas devoir être reliées à l'affaire de la petite Agnès ...
Bien amicalement

iboux a dit…

je rentre d'un dimanche au grand aquarium de Brest ( que je conseille au passage :-) et je lis vos commentaires qui me rassurent,
en effet apolline, daydreamer, et bernard, j'appréhendais la "réception " de ce billet par les lecteurs, sur un sujet pas évident,le viol, et l'éducation des garçons sur ce sujet, et craignais d'avoir été un peu lourdingue...

Catwoman a dit…

C'est un très bel article. Merci de l'avoir écrit !

iboux a dit…

@catwoman merci de l'avoir lu ! et d'avoir laissé un petit mot

Anonyme a dit…

Très bel article et très juste. C'est effectivement dommage de voir que les parents n'éduquent plus leurs enfants, même plus en matière de rose. Vivement que l'ère de l'enfant roi se termine et que la fessée méritée reprenne ses droits.

iboux a dit…

@culturedot :la fin de l'enfant roi oui, le retour de la mode de la fessée, bof je ne suis pas convaincue...
Pour moi la fessée n'est pas un mode d'éducation en soi, on peut sanctionner un comportement, donner des limites en disant simplement non, sans taper sur son gamin...éduquer sans fesser, cela demande juste plus de temps et de patience , et plus de communication

Apolline a dit…

@iboux : j'ai commis une note sur mon blog principal ladyapolline.wordpress.com
Je t'y invites - sans vanité aucune - car je pense que cela peut t'intéresser.
Amicalement

solveig a dit…

Oui, savoir dire non est impératif, il faut apprendre à gérer ses frustrations. Indispensable !
Mais quid des pulsions sexuelles pathologiques ?
On est très démunis quand on est parents, car on n'imagine pas la sexualité de nos enfants, pas plus qu'ils ne peuvent et ne veulent connaître la nôtre.
Qui dira les ravages des films pornos sur de jeunes esprits fragiles et il semblerait que l'âge moyen pour en avoir vu un est 9 ans ...

iboux a dit…

@apolline dés que ma migraine s'en va je te rends visite !!

@solveig :
Mon idée n'est pas de rentrer dans le jardin secret qu'est la sexualité pour chacun, juste de transmettre des infos à un ado, et que son éducation en la matière ne se borne pas aux blagues de ses copains, ou aux pornos. Un livre ça peut être bien aussi...

Euterpe a dit…

Merci pour ce billet que j'ai déjà lu plusieurs fois avant de commenter (je l'ai mis en lien).
Il y a de plus en plus de boulot pour les parents dans une société où l'idéologie dominante a de plus en plus de ressemblances avec celle d'une société complètement barbare. Il n'est question que de concurrence et d'écrasement des faibles. Les adolescents ne sont donc pas encouragés au respect mutuel. De plus les filles sont poussés à se définir comme sexy et a adopté des tenues qui les hypersexualisent. Cela commence même avant la puberté. Elles doivent s'identifier avec des images de femmes toujours prêtes à l'acte sexuel et ne savent bientôt plus qui elles sont tant on les chosifie. Les garcons au contraire sont encouragés à travers les vidéos de rap et les jeux-vidéos, les films, etc, à la violence et à consommer de la femme comme on boit une bière. L'école ne fait pas non plus grand chose pour empêcher de dévoyer les adolescents. Au contraire, les enseignants font dans la démagogie pour avoir l'air eux-mêmes jeunes.
Bref, la lutte contre le viol est rendue difficile par toutes ces contingences extérieures mais il ne faut pas "s'en foutre". Les filles paient le prix fort et les garcons se transforment en barbares pour qui la vie de l'autre c'est de la merde. On n'a quand même pas mis des enfants au monde pour ce résultat, je pense.

iboux a dit…

@euterpe : je ne pensais pas que ce billet t'avais plu, à ce point :-) je l'ai écris sur une impulsion, me parlant à moi même en quelque sorte...et j'avoue être soulagée du retour de certains parents !
mon cheval de bataille pour mes enfants est de développer en eux l'esprit critique, ne pas suivre les tendances dominantes, mais au contraire qu'ils suivent leurs envies, leurs rêves, pas ceux des autres...les fringues de marque, le portable, le facebook à 13 ans ne me semblent pas essentiels dans l'épanouissement d'un gamin, et non le mien n'est pas traumatisé, ni frustré, des mots ont été mis, des limites, et surtout des accès à certaines libertés par pallier qu'il attend avec impatience...avoir tout, tout de suite, et être blasé à 15 ans ne me parait pas être très constructif.
j'ai vu une gosse de CE1, 7 ans, avec un sous tif noir, on en voit plein les magasins d'ailleurs, et je me dis mais qu'est-ce que cherchent leurs parents ? un sous tif à 7 ans ? pourquoi pas un gode à 10 ans ?!! il serait temps de réagir, et de laisser les gosses grandir normalement, à leur vitesse, moi j'y peux rien ça me révolte...

Euterpe a dit…

Oui c'est terrifiant ! Moi j'ai du lutter contre les tangas que ma fille de 10 ans voulait porter parce que les 3/4 de sa classe en portait (en 7e) ! Métiers des parents : journalistes, architectes, diplomates. C'est à s'arracher les cheveux.
Ils se laissent piéger par le merchandising sans le plus petit iota de sens critique. Effarant.